biographie
La vie est un long fleuve tranquille qu’il disait l’autre. Je lui en foutrais moi de la tranquillité.

Je suis née dans une famille russo-suédoise. Mon père était un compositeur russe de renom. Ma mère une danseuse étoile suédoise. De leur union, je suis née. Moi. Svetlana Linéa Korylenkho. Et j’ai tout de suite été un vrai prodige. Oh ne pensez pas que je suis arrogante ou quoi que ce soit, c’était juste … le cas quoi. Intelligente, j’ai appris à lire avant tout le monde. Il faut dire, que les livres, papa et maman voyaient ça comme une chose précieuse, et que tout enfant qui se respecte, surtout en bas âge veut comprendre le monde adulte. Veut l’appréhender, et « faire comme papa/maman » c’est c que j’ai fait. J’ai lu, j’ai dévoré. La poésie de Rimbaud à Keats. Le théâtre de Shakespeare à Jarry. Et il y a aussi ma passion pour la danse. A peu près quand ma sœur est née. Et je lui en ai un peu voulu d’ailleurs, j’avais l’habitude de me cacher sous la table pour regarder maman s’entraîner. Faire des pointes, des enchaînements. Des … des merveilles. La générosité de ses mouvements et la précision de ses figures. Alors une nouvelle fois, je l’ai imitée. Je retenais ses mouvements. Avant même de pouvoir parler je m’exprimais avec mon corps. Et là encore j’étais une prodige. La grossesse de ma mère l’a empêchée de danser. Et pour ça j’en ai voulu à Anzhelina. Enfin … juste le temps de neuf mois. J’étais trop heureuse de pouvoir après lui raconter tout ce que j’avais pu lire. Et apprendre. Et … Danser pour elle. L’école ça ne m’a jamais barbé. J’ai justement toujours aimé ça. Je n’étais pourtant pas la binoclarde le nez dans les livres. Enfin si, mais pas que … je dansais. Maman me poussait d’ailleurs, elle m’a longtemps poussé. Peut être qu’elle a d’ailleurs accordé plus d’importance et de temps à moi qu’à Anzhelina. Mais je n’y pouvais rien.
Je suis devenue danseuse. Ma froideur. Ma rigueur et ma détermination surtout a payé et j’ai rejoint les plus grands ballets russes. J’ai dansé avec eux j’ai ouvert ma vie à autre chose que les études uniquement. C’est là que j’ai appris la vie. L’amour. La passion d’autre chose que la chose lue ou dansée. J’ai appris l’amour. Les hommes. Les femmes ça n’a pas d’importance, j’avais bien trop lu de livres ou de théâtre pour savoir que l’amour n’est pas une question de sexe. De genre. L’amour est universelle et n’a pas d’enveloppe corporelle. J’ai aussi appris à me dévoiler. A … être féminine. Si au départ je ressemblais à une écolière perdue loin des bancs en bois. Je suis devenue une femme. Fatale. Frénétique de mode. Accro au shopping j’ai toujours été bien habillée depuis. Et je ne me départis jamais de mes affaires.
Mais maman a poussé la chose trop loin. Je n’étais plus sa fille. J’étais un objet qu’elle voulait façonner. Oui car même à 29 ans ma mère était mon agent. Elle s’est occupée de moi à sa retraite de danseuse. Et pour la première fois en vingt neuf ans … je lui ai dit « non ». Un rôle grandiose. Un rôle écrit pour elle disait elle. Mais moi … je ne suis pas elle, je suis Svetlana. Linéa. Korylenkho. Du coup, j’ai pris Anzhelina avec moi et nous sommes allées à Goa, j’ai appris que MKG recrutait. Et contre toute attente … C’est le poste de professeur de théâtre que j’ai demandé. Et obtenu.
Les cours … qu’en dire. Ils se passent religieusement. On ne coupe personne. Chacun est libre de s’exprimer, tant qu’il écoute son voisin. Il y a des talents. Il y a des moins bons, mais tous ont un potentiel. Que même sous mes airs de reine des glaces je défendrai bec et ongles. Peut être parfois je peux me montrer méchante. Et très stricte. Je suis toujours juste. On ne discute pas mes notes. Je ne sous-note pas. Mais je ne sur-note pas non plus. un 10 vaut un 10 comme un 0 vaut un 0.